HOMMAGE A UNE FEMME EXCEPTIONNELLE: KHADIJA CHAOU EL MANOUZI
Khadija Chaou El Manouzi, 87 ans
Née en 1922 à Amanouz (Région de Tafraout).
Lieu de résidence : Casablanca
A
l'âge de 12 ans, Khadija avait perdu son père, Mohamed Chaou, mort sous
les balles de l'armée d’occupation française lors de la fameuse
bataille d'ait Abdellah en 1934.
Son
mari Hadj Ali ELMANOUZI, âgé aujourd'hui de 96 ans, est l'un des
premiers membres de la résistance à Casablanca. Son logement dans
l'ancienne médina était l’un des lieux secrets où se rencontraient les
nationalistes. A chaque réunion, la mère khadija devait s'isoler, avec
sa fille Malika, dans une cabane non couverte et dans le froid glacial.
La petite, à peine âgée de 2 ans, est tombée gravement malade et elle
est décédée.
En
1954, le mari Ali, ses frères et le beau-père sont arrêtés par la
police française pour résistance à l'occupation. Khadija devait faire
preuve d'un grand courage pour affronter le monde extérieur, et
apporter un soutien matériel et moral aux détenus. Ses voisines arabes
et juives témoignent encore aujourd’hui de la bravoure de cette femme,
« khlija la berbère- analphabète ».
Septembre
1970, et de nouveau, le mari Hadj Ali va être enlevé, et cette fois ci
avec 17 membres de la famille. Khadija ne sera pas épargnée, elle va
découvrir le centre secret de détention « derb Moulay Chérif ». On
reproche à la famille El Manouzi son engagement contre le pouvoir
absolu et leur incitation à la révolte populaire. Belkacem Moujahid El
Manouzi n’en sortira pas indemne et va mourir sous la torture.
Houcine,
le fils aîné, qui a pu échapper à la vague d’arrestations, va être
enlevé de Tunis le 29 octobre 1970 et acheminé vers le Maroc.
Pour la mère Khadija, il lui fallait contenir ses larmes et ses souffrance et s’armer de COURAGE, pour faire face à l’emprisonnement du mari et des proches, aux menaces des tortionnaires, au silence complice, à la survie et à l’éducation des enfants, et mener le combat pour le droit à la vie.
Pendant
des années, les responsables Marocains vont nier l’enlèvement de
Houcine El Manouzi. Ce n'est qu'en 1998 que son nom va figurer pour la
première fois sur une liste officielle de personnes victimes de
disparition forcée.
Khadija
Chaou El Manouzi continue le combat pour la vérité sur la disparition
de son fils, Houcine, mécanicien d’avion, ancien employé de la RAM,
syndicaliste et militant politique.
Famille El Manouzi 738 rue Boukraa Casablanca
Famille.elmanouzi@gmail.com